L’ART DU LEGUME AVEC LE DOMAINE AGRICOLE DE VALLE
Producteurs engagés en Bio depuis de nombreuses années, Marc et Laetitia sont des défenseurs passionnés d’une agriculture respectueuse de l’environnement. Ces paysans, amoureux de leur terre, cultivent autant de savoureux légumes de saison que le goût du partage.
Si vous y allez acheter vos légumes, n’hésitez pas à poser des questions à Laetitia, qui a toujours une bonne idée de recette du terroir pour mettre en valeur ses légumes, ou à Marc pour ses fameux conseils en jardinage !
L’interview de Marc et Laëtitia Prietto, maraîchers en agriculture Biologique à Sainte-Lucie de Porto-Vecchio.
Bonjour. Merci de nous consacrer du temps pour cet entretien. Tout d’abord, comment avez-vous débuté dans le métier ?
Marc : Mon grand-père n’était pas du métier ; il a voulu changer de vie et a acheté 30 hectares de terrain en 1969, dans lesquels il a planté des vignes. Mon père a pris la suite et s’est tourné vers le maraîchage. Moi, je suis né dans ces terres, j’ai attrapé le virus du maraîchage tout petit, et il ne m’a jamais quitté !
A l’origine, le domaine n’était pas Bio. Pourquoi avez-vous décidé de faire du Bio ?
Dès mon BTS, j’avais déjà dans l’idée de faire du Bio. Lors de mes différents stages, j’ai été dégouté par le nombre de pesticides et produits dangereux pour les hommes et l’environnement utilisés dans l’agriculture.
Quels sont vos circuits de distribution ?
Depuis tojours, nous faisons de la vente directe au domaine. A nos débuts, nous vendions également sur les marchés, mais c’est devenu compliqué avec nos 3 enfants, nous avons donc décidé d’arrêter.
Nous avons travaillé avec un grossiste sur d’assez grosses quantités jusqu’en 2010, date à laquelle notre grossiste a fermé. Il a alors fallu se remettre en question, réfléchir à l’avenir. Tout naturellement, nous avons décidé de nous concentrer sur la vente directe. On avait déjà la notoriété, les consommateurs nous ont suivi.
Aujourd’hui, nous arrivons à avoir une autonomie financière avec la vente directe uniquement. Nous avons investi dans un distributeur automatique de légumes, qui fonctionne bien, et plus récemment nous avons construit le magasin.
Quels sont les objectifs de ce magasin ?
L’idée a germé il y a 13 ans. Au départ, le projet était juste d’avoir un abri pour ne pas subir le vent et la pluie. Mais comme peu à peu nous nous sommes spécialisés dans la vente directe, nous avons peaufiné le projet. Le magasin comprend la pièce de vente, une pièce tempérée à 20° pour la conservation de certains légumes, et une chambre froide pour d’autres. En maraîchage, que ce soit pour la culture ou la conservation, tout est question de température ! Aujourd’hui, on maîtrise toute la chaîne de production, de la graine à la mise en marché, et c’est ce qui est passionnant dans ce métier !
Pouvez-vous nous parler de votre distributeur automatique de légumes ?
Nous avons fait un pari sur l’avenir en l’achetant. Il a fallu 3 ans pour gagner la confiance des consommateurs. Aujourd’hui ça fonctionne très bien (nous le rechargeons trois à quatre fois par jour !), cela nous permet d’être accessibles même lorsque nous travaillons dans les champs !
Que répondez-vous à ceux qui disent que le Bio, c’est trop cher ?
Le label AB est un signe officiel de qualité.
Nous sommes contrôlés deux fois par an sur nos pratiques culturales par le bureau VERITAS.
Et pour prétendre à ce label il ne faut aucun écart au cahier des charges Européen.
Notre certificat affiché dans notre boutique en fait foi.
Les coûts de production sont beaucoup plus élevés en Bio (le désherbage est mécanique ou manuel, on ne chauffe pas, nous utilisons des engrais organiques…). Nous devons aussi utiliser des semences certifiées bio, ce qui présenté comme ça peut paraître anecdotique mais qui représente en fait la partie la plus complexe de notre métier. Nous fixons nos prix au plus juste pour être rentables, et on garde le même prix toute l’année. La cherté est relative, car en achetant des légumes frais chez le producteur, on ne jette rien car ils se gardent plus longtemps.
En plus on a le bénéfice du goût et des vitamines !
Quelle est votre définition d’un agriculteur ?
C’est un chef d’orchestre entre le milieu naturel (sol et climat) et les cultures qu’on va planter. C’est tout un art d’être agriculteur ! En Bio, on se sert de notre environnement, on respecte la terre sur laquelle nous vivons et les cycles biologiques.
Quelles sont les plus grosses difficultés de votre métier ?
Nous aimerions pouvoir passer plus de temps avec les enfants, la famille ou les amis, pouvoir partir quelques jours de temps en temps, mais c’est impossible !
Quelle est votre journée-type ?
On se lève à 4h30 pour commencer le travail dans les champs à 06h00. Nous finissons le soir à 20h00.
Comment vos enfants perçoivent-ils votre métier ?
Ils ont 14 hectares pour courir, jouer, des cabanes partout dans le domaine… pour le moment ils sont ravis de grandir dans cet environnement. D’ailleurs, on fait tout ça pour eux, pour qu’ils puissent, s’ils le souhaitent, reprendre l’exploitation un jour… d’ailleurs ils ont déjà un pied dans la formation agricole. Est-ce bon signe ? …
Comment faites-vous pour y arriver seulement tous les deux ?
L’expérience nous a amené à laisser de côté le superflu et à ne garder que l’essentiel : la maîtrise technique et la vente en direct…
Aujourd’hui, dans le monde agricole, on observe malheureusement que seules les très grosses exploitations arrivent à s’en sortir. Comment expliquez-vous votre succès ?
Je pense que le fait de s’être concentrés sur la vente directe en occultant tous les autres circuits de distribution y est pour beaucoup. Nous avons dû nous remettre en question, mais nous sommes heureux aujourd’hui des choix que nous avons faits. Nous avons sans cesse évolué avec nos clients, recherchant toujours à se conformer à la demande : on a développé la production de légumes d’hiver pour satisfaire la demande croissante de nos clients, on s’est équipés, endettés…. Tout cela pour toujours proposer des légumes de saison de qualité, sains, bios et bons. En bref, c’est beaucoup de travail ! Nous, c’est 40 ans d’expérience en vente directe, avec de nombreux tâtonnements et remises en question. Aujourd’hui, le Bio et le locale sont dans l’air du temps, mais cela n’a pas toujours été le cas !
Vous n’êtes donc pas dans une logique de course effrénée au développement ?
Non, c’est tout l’inverse, plus qu’un travail, c’est un mode de vie.
Par exemple, c’est Jean-Claude Lorenzoni qui vient avec sa mule sur le domaine pour désherber nos cultures de manière naturelle et butter nos choux fleurs, à l’ancienne !
Cela peut prêter à sourire mais il n’y a rien d’archaïque là-dedans, car techniquement c’est très efficace. Et puis l’impact écologique est neutre.
Enfin, avez-vous des projets ?
Nous aimerions créer une petite bibliothèque dans notre local pour communiquer sur nos métiers, les problématiques environnementales, les problématiques des marchés mondiaux… c’est passionnant, et nous aimerions faire découvrir tout cela aux consommateurs !
Pour l’instant nous faisons découvrir plusieurs facettes de notre métier par une expo photo permanente dans notre boutique et par une journée porte ouverte si le temps nous le permet …
Laëtita, Marc, merci beaucoup de nous avoir consacré du temps pour cet entretien !
Pour tout renseignement : 06 09 83 05 20
Distributeur automatique 7/7 à l’entrée du domaine
Vente à la boutique « L’Art du Légume » :
– toute l’année : le mardi de 16h30 à 19h00 et le Samedi de 9h00 à 12h00
Bonjour à tous,
Avec l’arrivée de la Xilelia Fasdiosa, vous avez un rôle spécial à assumer car c’est un défi exceptionnel !
En tous cas, j’espère que dans votre secteur, les gens ont pris conscience de cet événement pour agir…
Si l’un cède, tout s’écroule.
Bon courage
François Pelatan Corsiglia