“Le groupe I Campagnoli fut créé en 1989. Leur premier spectacle, ils le donnèrent le 21 juin, pour la fête de la musique, à Saint-Florent.
Le nom des Campagnoli, qui signifie : “Les hommes de la terre”, Guidu le découvrit sur l’affiche, placardée sur la porte de la salle Don Bosco, où devait avoir lieu le concert. Il demanda qui étaient ces Campagnoli. “C’est nous!” répondit Ange Orati.
Le pluriel n’était pas superflu. Le groupe était hétéroclite. Ils étaient, selon le mot de Guidu, une “ribambelle”.
“C’était, dit-il, une cohue monumentale”.
Grâce à Guidu et à Ange Orati, les choix artistiques s’affinèrent: les rangs des choristes improvisés s’éclaircirent.
I Campagnoli fondèrent une association du même nom. Ils étaient plus assidus aux répétitions, travaillaient davantage. Ange Orati, Guidu Calvelli, Manu Saveris furent rejoints par Pierre-Jean Marchetti, puis, en 93, par Jean-Guy Santamaria et Francis Cordoleani, appelé Tittu, puis, en 2003, par Jimmy Ronchi. Ange composait les chansons et Guidu, les voix.
Chaque année, ils participaient aux Ghjurnate di Corti (Les Journées de Corte). On ne s’en étonnera pas : c’était le rendez-vous annuel de tous les nationalistes et, pour les groupes polyphoniques corses, le chant était lié à l’engagement politique.
En 1991 fut organisé à Bastia un concours de chants polyphoniques. La liste des participants laisse rêveur. A filetta, I Surghjenti, L’Albinu, Eric Mattei, Féli, I Mantini, I Chjami Aghjalesi et I Campagnoli. Le prix de ce concours était deux soirées au Bataclan, à Paris. I Campagnoli, I Mantini et I Chjami en sortirent vainqueurs.
A Paris, le soir de la première, Guidu, de la coulisse, regardait la salle : “Tout était rouge : les murs, les fauteuils, le rideau de scène. C’était impressionnant! Nous étions les plus jeunes. On nous a jetés dans l’arène. Nous nous sommes plantés devant le micro. Nous n’avions aucun repère. Je me rappelle la peur du trou de mémoire qui nous hantait. Autrement, je ne me souviens plus de rien : j’avais l’impression de flotter dans l’air”.
Le retour en Corse fut rude. Ils écoutèrent les enregistrements du Bataclan et les trouvèrent si mauvais qu’ils décidèrent d’arrêter de chanter.
Guidu ne l’admettait pas. Il était chez Manu Saveris : »Ange est passé. Je lui ai dit : Qu’est-ce qu’on fait? On ne va pas laisser tomber le groupe ! Moi, je suis partant pour reprendre ! » Ils l’étaient aussi. Il leur manquait seulement l’impulsion pour s’y décider. Après avoir obtenu leur accord, j’ai fait venir Tittu, Jean-Guy et Stéphane Roncaglia, qui était aussi un très bon guitariste ».
Quelques temps plus tard, le 5 mai 1992, se produisait la catastrophe de Furiani. Ange écrivit une très belle chanson, Di biancu e di turchinu, pour venir en aide aux familles et rendre hommage aux victimes. Et le groupe se reforma, plus soudé que jamais”.
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